Un CESTE d'innocence ...
"Colchiques dans les prés, fleurissent fleurissent. Colchiques dans les prés. C’est la fin de l’été. La feuille d’automne emportée par le vent. En ronde monotone tombe en tourbillonnant"
Telles sont les paroles que le petit garçon se tue à chanter à haute voix en choeur parmi ses camarades du centre aéré en ce dernier jour d'été.
Il s'entend chanter, il n'en doute pas une seule seconde.
"On ne t'entend pas chanter! Arrête de faire semblant", lui répète à trois reprises le moniteur qui fût gentil et proche de cet enfant durant les deux mois qui viennent de s'écouler.
Cet enfant a envie de chialer tellement il se sent incompris. Il est blessé que ce jeune monsieur ne le croit pas en train de chanter.
Il se retient de ses pleurs pour ne pas que les autres enfants se moquent de lui. Pourtant il ne chante plus, il gueule les paroles de Colchiques dans les prés pour se faire entendre mais en vain...
"Bon je vais voir ce qui ne va pas avec lui!" dit le moniteur à sa collegue.
Il fait sortir le jeune enfant du gymnase avec lui laissant les autres enfants poursuivre le chant...
Installés sur les marches d'un des escaliers du long couloir sombre de ce grand gymnase, l'homme redevient doux avec le petit garçon. Il lui sèche les larmes et le réconforte... un peu trop peut être. Mais le petit enfant n'a pas les connaissances requises pour comprendre ce qui se passe.
Vétu d'un short vert très court, les mains du moniteur n'ont aucun mal à se faufiler et explorer l'innocence qui s'y cache. "Laisse toi aller...Ca va aller Najim...".
Au final, ce qu'il aura gagné le gosse c'est un trou noir dans sa mémoire de ces instants d'innocence volés et surtout un renfermement sur lui même. Des années de colère inconsciente contre ses propres parents. Peut être qu'il leur reprochait indirectement de ne pas avoir pu empecher l'impardonnable.
Je ne sais pas si on doit appeler à ce jour ce qui s'est produit de l'inceste ou de la pédophilie sachant que le moniteur devait avoir dans les 16 ans à l'époque. Mais une chose est sure c'est que même si je ne tiens plus à revenir là dessus c'est que cet incident m'a detruit pendant plusieurs années de mon adolescence sans même que je ne le comprenne pourquoi...